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Luc Ferry : Trouver un sens à sa vie
Le philosophe démontre dans son livre, Qu’est-ce qu’une vie réussie ?, que l’idée que nous nous en faisons est relativement récente.
Cet athée s’oppose néanmoins au matérialisme par sa recherche d’une transcendance contemporaine, à travers ses essais L’Homme-Dieu (Le Livre de poche 1997), ou La Sagesse des Modernes avec André Comte-Sponville (Pocket, 1999).
l’ouvrage ne cède à aucune mode actuelle et se centre sur une analyse fine de la pensée de Nietzsche, dont Ferry estime qu’il libère la réflexion existentielle moderne.
raconter l’histoire des cinq ou six plus grandes réponses à la question de la vie bonne
je montre chaque fois ce qu’elles ont de plus beau, de plus puissant, ce en quoi elles nous parlent encore aujourd’hui, même du plus lointain de notre histoire.
Les philosophes grecs avaient élaboré une superbe réponse à l’usage des non-croyants : ils expliquaient à leurs élèves comment les deux maux qui pèsent sur la vie humaine et l’empêchent d’être bonne sont la nostalgie du passé et l’espérance en un avenir meilleur. Car ces deux sentiments nous font à coup sûr manquer le présent. Si l’on parvient au contraire à aimer le réel ici et maintenant, à le goûter vraiment, à se réconcilier avec lui, on atteint à une certaine forme d’éternité, celle de l’instant qui n’est plus relativisé par les autres dimensions du temps.
la "pensée élargie" que je viens d’évoquer : c’est-à-dire qu’il faut essayer de se mettre à la place des autres pour gagner en humanité, plutôt que de nous opposer sur le mode du différent
Faute de sens, et parce qu’il faut bien des buts, nous nous rabattons sur le "rêve éveillé" des succès mondains et professionnels que nous érigeons en dernier absolu d’une époque qui a tué l’absolu. Comme le dit Nietzsche : « Dieu est mort. » Comment vivre en l’absence de transcendance ?
Inventons de nouvelles perspectives ! Il n’y a plus de valeurs supérieures ? Affirmons joyeusement la valeur de la vie ! Une vie vécue au maximum de son intensité, dans l’affirmation puissante du geste créateur : telle est la sagesse de Nietzsche.
La sagesse que propose Luc Ferry repose sur trois piliers : singularité, intensité, amour. Il s’agit, partant de la particularité de sa condition, d’« élargir sa pensée » et ses expériences jusqu’à l’universel de l’humain. On rejoint ainsi le critère nietzschéen de l’intensité : on vit d’autant plus intensément que l’on s’ouvre le plus à l’autre, à la nouveauté, « à la diversité des cultures et des êtres ». Un tel chemin culmine dans l’expérience de l’amour, qui est une relation à la singularité de l’autre : ce qui en fait un être unique, irremplaçable.